20 nov. 2017

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Le charme discret d’un joyau patrimonial : La chapelle Notre-Dame-de-Bon-Secours

Le charme discret d’un joyau patrimonial : La chapelle Notre-Dame-de-Bon-Secours

Le vent glacial des derniers jours ne doit pas nous empêcher de profiter des joyaux patrimoniaux que l’on peut admirer avec la complicité du soleil lors des mois hivernaux. En déambulant dans le Vieux-Montréal, nous pouvons même suivre les traces des nombreux pèlerins d’autrefois, dont bon nombre de marins à travers les siècles, et converger vers la chapelle Notre-Dame-de-Bon-Secours, pour nous laisser captiver par son fascinant langage architectural (et du même souffle se réchauffer en visitant le magnifique intérieur et le musée qu’elle abrite). Incarnant différentes strates de l’histoire de la ville, cet édifice religieux nous dévoile une multitude d’informations sur la naissance de Montréal et sur son évolution.On ouvre grand les yeux et on se laisse charmer!

Trois variations sur un même site

Dans les années 1650, le site extra-muros sur lequel se trouve aujourd’hui la chapelle Notre-Dame-de-Bon-Secours est choisi pour accueillir une modeste chapelle en bois dédiée à la Vierge Marie, érigée à l’initiative de Marguerite Bourgeoys. Celle-ci veut en faire un lieu vers lequel convergent les pèlerins – la croix du mont Royal étant située dans un territoire éloigné et périlleux. Cinq ans plus tard, l’humble structure est remplacée par une construction en moellons de pierre avec un toit en pignon à pente aiguë, qui, malheureusement, sera la proie des flammes en 1754. Seule une statuette de la Vierge à l’enfant sculptée dans du bois de chêne aurait été trouvée intacte dans les décombres, ce qui réitère pour les croyants le caractère miraculeux de ce petit objet précieux que l’on peut encore voir dans la chapelle aujourd’hui. Après quelques tergiversations – dont un projet de raser les ruines pour faire place aux casernes de la garnison britannique – on entreprend la reconstruction de la chapelle actuelle en 1771 selon un modèle traditionnel du Régime français. Les travaux sont confiés au maçon Joseph Morin et au charpentier Pierre Raza dit Rangeard selon un plan simple composé d'une nef rectangulaire, d'un chœur polygonal et d'un toit à deux versants droits couronné d'un clocher à deux lanternes.

Une nouvelle chapelle au goût du jour, côté rue, côté fleuve

Étant moins fréquentée après l’inauguration de l’église Notre-Dame sur la Place d’Armes et de l’église de Saint-Patrick, le lieu de dévotion situé tout près du port est à nouveau menacé d’expropriation pour la construction d’une gare à la fin XIXe siècle. On convient alors de rénover la chapelle au diapason des tendances stylistiques en vogue à l’époque. Les travaux de grande envergure se déroulent en deux phases et sont menés par les architectes montréalais Maurice Perrault et Albert Mesnard en collaboration avec l’artiste-peintre et architecte François-Édouard Meloche. Ils comprennent une nouvelle façade, la modification des façades latérales, un nouveau décor intérieur, et l’ajout d’une impressionnante chapelle aérienne au-dessus du cœur. Plaquée sur l’ancienne proposition, la nouvelle façade est symétrique et témoigne de l’emploi d’un vocabulaire classique puisant son inspiration dans la syntaxe éclectique de la Renaissance. Recouverte de pierre grise à bossage rustique et de pierres lisses, elle est dominée par une tour clocher centrale, modifiée en 1952, entourée par deux tourelles latérales surmontées de clochetons. La partie arrière de la chapelle qui donne sur le port, également inspirée de la Renaissance, est réalisée par Meloche et constitue un riche ensemble d’éléments architecturaux orné de sculptures. L’étoile de la mer, imposante statue de la Vierge dont les bras sont tendus vers le fleuve, par Philippe Banlier, dit Laperle, couronne la tour centrale de cette seconde façade et rappelle les rites de dévotion pour la Vierge qui veille sur les marins.Pour en savoir plus sur l’histoire fascinante de ce trésor patrimonial, en apprendre davantage sur la vie de Marguerite Bourgeoys et explorer un site archéologique millénaire découvert en 1996, rendez-vous au Musée Marguerite-Bourgeoys, organisme responsable de la mise en valeur de chapelle Notre-Dame-de-Bon-Secours.