21 août 2020

Time 6 minutes

Jean Perron, un homme d’action guidé par la passion

Jean Perron, un homme d’action guidé par la passion

«Avec le Silo no 5, le hangar 16 est l’une des plus vieilles structures du Vieux-Port de Montréal encore debout.» La bâtisse de tôle rouge qui arbore fièrement l’immense logo de SOS Labyrinthe - une attraction très populaire du Vieux-Port - est là depuis 106 ans. Et «SOS Labyrinthe, lui, y est installé depuis 2015» souligne Jean Perron, l’homme derrière l’aventure de SOS Labyrinthe. «Dans les années 90, j’ai été de l’équipe qui a mis en place la Société du Vieux-Port de Montréal, entre autres comme directeur du développement des affaires et de la programmation. Quelques années plus tard, de 2005 à 2007, j’ai été directeur général de la SDC Vieux-Montréal», explique Jean Perron qui connaît le Vieux sur le bout de ses doigts!

UN CONTEXTE DIFFICILE, DES RÉPERCUSSIONS IMMÉDIATES

Une fois confortablement installés à l’intérieur même du hangar 16, nous lui demandons comment il va. «Comment ça va? Bonne question! Ha! Ha! Ça va bien dans le contexte.» L’impact de la Covid-19 est immense sur la saison 2020 de SOS Labyrinthe. «L’an dernier, on avait eu un été exceptionnel! Du jamais vu! Au Black Friday, on vendait des passes de saison pour l’été 2020. On poursuivait sur notre lancée. Puis, le 13 mars: shut down! On arrête tout.» Dès lors, le téléphone se met à sonner. Encore et encore. Les groupes scolaires, qui représentent en temps normal 15% de la clientèle, annulent leurs réservations. Il faut savoir que de l’ouverture, qui était prévue cette année le 27 avril, à la fin octobre, le labyrinthe est ouvert uniquement en semaine, principalement pour desservir la clientèle scolaire. Bon an mal an, c’est 15 000 élèves qui viennent se perdre dans les dédales du labyrinthe. Mais pas cette année. Les touristes non plus ne sont pas au rendez-vous cette année. «Les touristes, ils représentent 30% de notre achalandage. Donc, avec les élèves, on vient, d’un coup, de perdre 45% de nos visiteurs!»

UN BRIN DE FOLIE ET UNE GRANDE CAPACITÉ D’ADAPTATION

«Pour nous, c’est une année déficitaire.» Pourquoi ouvrir, alors? «Parce qu’on est fous!», s’exclame monsieur Perron. «Pour être entrepreneur, tu sais, il faut être passionné… et fou! Pour nous, la question ne se posait même pas: on ouvrait, c’était une évidence. On ne savait juste pas quand.» Le «quand» a finalement été le 27 juin. Pendant les mois qu’a duré cette fermeture forcée, Jean et son équipe n’ont pas chômé: ils ont décroché toutes les toiles pour les nettoyer de fond en comble, ont installé des distributeurs de gels hydroalcooliques et, surtout, David Trottier, le créateur, a modifié le parcours de la populaire attraction en y ajoutant trois carrefours giratoires, conçus pour indiquer aux visiteurs, à l’aide de flèches orange sur le sol, la direction à prendre, histoire d’éviter les croisements et les face-à-face. Le tour de force de ce changement majeur est que le trajet à parcourir pour récupérer les indices n’en est pas plus facile: certes, on indique le sens à prendre, mais pas le «bon» chemin pour autant!

UNE NOUVELLE RÉALITÉ, UNE NOUVELLE SOLIDARITÉ

«Évidemment, il y a un coût relié à ça, mais le positif là-dedans, c’est que ça nous a forcés à changer, à innover.» précise Jean Perron, qui a visiblement l’habitude de rechercher ce qu’il y a de bien en tout et de relever les bons coups. Il note ainsi que la Covid a contribué à renforcer la solidarité, la bonne entente entre les Gens du Vieux, comme en témoigne cette association entre le Vieux-Montréal et le Vieux-Port cet été. Il dit espérer que ce partenariat saura grandir et prospérer, car «en groupe, on est beaucoup plus fort.» Cette notion de groupe est primordiale pour lui; l’entrepreneur d’expérience a d’ailleurs initié la création du Regroupement des promoteurs du Vieux-Port pour consolider et mieux promouvoir la destination qu’est le Vieux-Port. Monsieur Perron et son équipe ne manque pas d’idées! Ils ne nous en diront pas plus, car tout est sur la glace pour un temps indéterminé et ils ne veulent pas brûler la surprise!

MÉMOIRE VIVE

S’il est ardu pour le moment de se projeter dans le futur, un petit retour dans le passé est facile. Jean Perron se souvient du Vieux-Port avant qu’il ne soit ce lieu récréotouristique où il est fort plaisant d’aller. Sur le bord de l’eau, il n’y avait alors que des silos, comme le désormais célèbre silo no 5. C’est en 1992, à l’occasion du 350e anniversaire de la ville de Montréal que les silos obstruant la vue seront jetés à terre et que seront inaugurés, entre autres, le Vieux-Port et le musée Pointe-à-Callière, cité d’archéologie et d’histoire. Le Vieux-Port, comme nous le connaissons aujourd’hui, prenait forme.

UNE AFFAIRE DE VISION, UN PROJET D’ENTHOUSIASME

En 2014, le plan d’affaires de SOS Labyrinthe était déposé, et accepté. 2015, il ouvrait ses portes dans le hangar 16. Toutefois, le labyrinthe, sous une autre forme et une autre appellation existait déjà bien avant. En fait, le concept de labyrinthe dans le Vieux-Port existe depuis près de 30 ans! L’idée est venue à Paul Chartier, alors en voyage au Japon avec son fils. Ils ont visité un labyrinthe… et en sont ressortis déçus. Ce n’était qu’un labyrinthe axé sur la notion de challenge. Trop simple et compétitif, selon M. Chartier, qui a eu la vision de rendre le labyrinthe à l’image de la vie: rempli d’obstacles, de cul-de-sac, de retours et de détours, de découvertes et d’apprentissage. SOS Labyrinthe est d’ailleurs construit sur ce modèle d’indices et de faits historiques sympathiques à découvrir. Avec pour seul but que tout le monde en ressorte gagnant, petit comme grand.

L’AVENIR, CE GRAND INCONNU

Lorsque nous demandons à Jean Perron ce qu’il souhaite pour la suite de 2020, il y va d’abord d’un souhait pour tout le monde: «Un vaccin. Des médicaments pour enrayer ou du moins contrôler la Covid. Je souhaite que la santé publique se replace.» Ensuite, il enchaîne avec un souhait pour la communauté du Vieux dans laquelle il est très actif: «Il y a tellement un immense potentiel!» dit-il enthousiaste en pointant la carte du Vieux-Port qui trône sur le mur derrière nous. «Il faut aller de l’avant. Aller dans le même sens que Tourisme Montréal, main dans la main avec eux, et axer sur les locaux; attirer davantage les gens d’ici, les inciter à venir découvrir leur quartier historique, qui est unique et magnifique.»

RÉSILIENCE ET ADAPTATION POUR LA SUITE

Personnellement, il a hâte que Attractions SOS reprenne sa vitesse de croisière. «Avoir de la perspective. Il faut avoir de la perspective si on veut avancer et ainsi rembarquer sur l’autoroute!» Pour Jean Perron, la perspective, la capacité de se projeter dans l’avenir est ce qui permet de prendre des décisions. Et pour le moment, c’est ce qu’il manque, une certaine vision de l’avenir, car la Covid, c’est «comme un dragon sorti des enfers!» Il fait peur et on ne sait pas comment le mater… «mais on continue d’avancer pareil, car on est fou! Il faut bouger, on est passionné par ce qu’on fait. On a des projets aussi pour l’international… On y travaille.» Ensemble, c’est le mot d’ordre de Jean Perron. S’unir pour faire bouger les choses. Discuter ensemble pour avoir des idées nouvelles, établir des partenariats profitables pour tous. Jean Perron est un homme de vision, qui a bien hâte que «le dragon» soit terrassé pour aller de l’avant avec tous les projets qu’on sent bouillonnant dans sa tête.