1/8

27 déc. 2022

Time 5 minutes

De la lumière pour l’Accueil Bonneau, un organisme avant-gardiste et nécessaire

De la lumière pour l’Accueil Bonneau, un organisme avant-gardiste et nécessaire

La série Fabricants d’Émotions reprend du service le temps d’une capsule hors-série inédite visant à mettre en lumière les acteurs du quotidien qui entretiennent la mission de l’Accueil Bonneau, cet organisme avant-gardiste et nécessaire qui veille sur les Montréalais depuis 145 ans. Avec cette initiative spéciale, exceptionnellement diffusée pendant la période des Fêtes, où le besoin de chaleur humaine se fait grandement sentir, la SDC Vieux-Montréal souhaite souligner l’aspect bienveillant de sa collectivité, que l’on sait tissée serrée.

En plus d’être des fabricants d’émotions au quotidien pour les plus démunis, les acteurs mis en lumière dans cet épisode sauront vous transmettre leur passion pour leur mission première, soit celle d’aider leur prochain. En œuvrant à l’Accueil Bonneau, ils contribuent plus que jamais à véhiculer le message d’accueil et de communauté si souvent associé au Vieux-Montréal, quartier de Gens et d’Histoire.

Un établissement pilier à Montréal

Serge Ebacher, ancien résident, dorénavant collaborateur actif à l’Accueil Bonneau, aime rappeler que l’expression « en situation d’itinérance » renvoie à plusieurs réalités sur le terrain et déplore que les gens en aient souvent une vision péjorative. Être en situation d’itinérance ne signifie pas nécessairement vivre dans la rue, ce qui était d’ailleurs le cas de Serge, mais entretient l’idée de la précarité alimentaire, de logement et même sociale. D’ailleurs, la directrice générale arrivée juste avant la pandémie, Fiona Crossling souligne que 50 % des gens qui se présentent pour manger ne sont pas en situation d’itinérance. L’Accueil Bonneau s’inscrit précisément dans cet interstice en répondant présent pour celles et ceux qui sont dans la rue, qui viennent de s’en sortir ou qui sont à risque de s’y retrouver et accompagne ses usagers aussi longtemps qu’il le faut.

Ce qui a marqué Serge lorsqu’il s’est enfin décidé à pousser la porte de l’institution, c’est le sentiment qu’on lui tendait véritablement la main grâce à quelques petits mots qui ont été déterminants dans sa reconstruction « Oui, on peut t’aider ». C’est avec l’aide de 300 bénévoles et employés que des gens vivant une période plus difficile peuvent recevoir un coup de main. Bien que la plupart connaissent l’Accueil Bonneau comme une cantine pour manger et un toit pour dormir, l’organisme du Vieux-Montréal va bien au-delà dans son mandat. Si l’Accueil Bonneau répond en effet aux besoins essentiels comme se nourrir, se doucher, se soigner et se loger, les intervenants redonnent d’abord et avant tout une dignité aux gens qui s’y présentent. C’est d’ailleurs le rôle de Mathieu Lefebvre, coordonnateur clinique au centre multi-services, et de plusieurs autres agents d’intervention, que de pouvoir accueillir les personnes qui se présentent avec des besoins particuliers.

Une histoire qui date, mais un désir d’aider toujours très présent

L’histoire de l’Accueil Bonneau remonte à un siècle et demi et a toujours eu pour but d’accueillir et d’accompagner les personnes dans le besoin. L’organisme fut fondé à Montréal en 1877 par Joseph Vincent avec la congrégation des Sœurs de la charité de Montréal, dites « Sœurs Grises », la Société Saint-Vincent de Paul et les Sulpiciens. La situation sociale a demandé une transformation au cours des années pour répondre aux nouveaux besoins en santé mentale et aux ravages de la polytoxicomanie, ce à quoi, la Société Saint-Vincent de Paul et les Sœurs Grises ont choisi d’offrir spécifiquement des services aux personnes en situation d’itinérance.

Sœur Nicole Fournier, vice-présidente du conseil d’administration et directrice générale de l’Accueil Bonneau de 1985 à 2006, témoigne d’ailleurs des valeurs véhiculées, sachant que l’établissement aurait pu être fermé à maintes reprises en raison des défis rencontrés. « Je suis heureuse parce que ça continue, puis j’y vois des gens qui y croient, qui sont ici pour les mêmes valeurs : la bienveillance, accueillir, permettre à une personne de se retrouver, de l’accompagner, de l’encadrer. »

Faire face aux défis dans l’adversité

Parlant de défis, Daphné Mailloux-Rousseau, directrice de la Fondation de l’Accueil Bonneau, en a fait son pain quotidien. « La lutte à l'itinérance, c’est de faire face à un grand nombre de problématiques, les plus complexes, toutes en même temps, jour après jour, 7 jours sur 7, durant 150 ans. »

Bien que l’organisme soit implanté depuis près d’un siècle et demi, la question de la main d’œuvre reste tout un casse-tête : près de 200 bénévoles et 100 employés participent à son bon fonctionnement dans plusieurs départements répartis dans 3 édifices, bientôt 4! Il est évident qu’avec la pénurie de main d’œuvre qui touche le Québec et les services en itinérance, Daphné et son équipe ont pu sortir leur épingle du jeu en offrant un milieu professionnel épanouissant et rempli d’humanité.

La crise du logement constitue également un double défi pour les équipes. Au niveau structurel d’abord, l’Accueil Bonneau étant propriétaire, il faut s’assurer une gestion pérenne du parc immobilier offert aux usagers. Au niveau conjoncturel, la tension s’accentue aussi avec la hausse de l’itinérance et la fragilité grandissante dans laquelle se trouve la population à risque. Garder une vision et une gestion sur le long terme tout en concentrant ces efforts sur le court terme et rester très conscient et connecté à la réalité terrain, c’est le tour de force de l’Accueil Bonneau.

L’Accueil Bonneau reçoit des gens de tout horizon qui leur font confiance et demandent de l’aide dans le but de reprendre une certaine stabilité dans leur vie et pour Daphné, « c’est le cœur de la cohésion sociale du Québec. » C’est la raison pour laquelle cet organisme est nécessaire dans la collectivité d’affaires du Vieux-Montréal. Même si les enjeux évoluent, le contact entre voisins doit être maintenu afin d’avoir une bonne cohabitation sociale pour répondre adéquatement aux besoins des usagers.

En complément de cet article, visionnez la capsule spéciale hors-série dédiée à l’Accueil Bonneau et réalisée dans le cadre du projet Fabricants d’Émotions. Ce dernier, imaginé et produit par la SDC Vieux-Montréal, vise toujours à mettre de l’avant des humains d’exception contribuant à la collectivité du quartier historique, chacun à leur façon.